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Analyse sur  l'évolution du décathlon et du décathlonien (Fred POISSON d'après la thèse de Norbert Krant)

 

ORIGINE ET EVOLUTION DES EPREUVES COMBINEES

Le pentathlon des grecs

L'origine des épreuves combinées, c'est à dire, des épreuves "jointes, disposées dans un certain ordre, en vue d'un certain résultats" remonte à l'antiquité. Selon la légende, ce serait Jason, chef de l'expédition des Argonautes, qui aurait institué pour la première fois un tel type de compétition, sous forme d'une "série d'épreuves", et ce afin de récompenser Peleus son compagnon, toujours second dans les épreuves spécialisées qui l'opposaient aux autres guerriers, et qui ne pouvait jamais atteindre, malgré une valeur reconnue, la consécration suprême.

A partir de la XVIIIème Olympiade, apparaît au programme des Jeux Olympiques, le pentathle ("pente" cinq et "athlos" combat). Le premier vainqueur en l'an 708 av JC fut Lampis de Laconie. Il avait alors disputé les épreuves suivantes: saut en longueur, course d'un stade (192m), lancer de disque, lancer de javelot et lutte.

Les Grecs avaient, parait-il, une "estime particulière" pour le pentathlon, sans doute parce que comme l'écrivait Aristote, "les pentathlétes sont les plus parfaits de tous les athlètes, parce qu'ils ont reçu de la nature la force, la vitesse, l'adresse et le courage". La forme très particulière adoptée pour faire disputer l'épreuve: "tous les concurrents étaient admis à la première épreuves, le saut. Les cinq premiers seulement étaient conservés pour la seconde le javelot, quatre disputaient la course, trois le disque et les deux premiers du disque se mesuraient à la lutte pour désigner le vainqueur".

La présence, apparemment impromptue au sein d'épreuves athlétiques, de la lutte, témoigne de l'aspect très directement utilitaire que devait également revêtir le sport en Grèce, il s'agissait de former de bons soldats. Sous l'influence romaine, cet aspect militaire fut d'autant plus accentué que le Pentathlon faisant place au Quinquentium, le pancrace et la course de chars se substituèrent aux épreuves classiques. Le vainqueur devait alors gagner les cinq épreuves successivement. En l'an 393 après JC, accusées de tous les maux, disparaissent en même temps que les Jeux Olympiques de l'Antiquité, les épreuves combinées.

Quand le pentathlon devient "concours complet" ou "championnat toutes épreuves"

ce n'est que vers 1792 que nous retrouvons des épreuves combinées dans un journal suédois, qui décrivait un concours complet à base de course, lancer et natation. En Angleterre ainsi qu'aux Pays-Bas, les jeunes se défiaient dans des diathlons, triathlons, sextathlons et heptathlons. Par exemple en 1851, un pentathlon comprenait le saut en hauteur, le saut en longueur, le lancer de poids, 880 yards et un grimper de corde de 55 pieds. Il y a aussi un peu près au même moment, des rapports venant d'Allemagne, retraçant des épreuves combinées qui comprenaient un saut à la perche, un lancer de pierre et un saut en longueur.

Il faudra attendre 1884 et une proposition de l'AAU pour que la version essentiellement athlétique des épreuves combinées voit le jour. A cette date et sous l'impulsion d'émigrants irlandais, à l'image des épreuves multiples qu'ils avaient coutume de pratiquer chez eux, l'Amateur Athlétic Union crée un " All round championship" (championnat toutes épreuves) comportant onze tests successifs: 100 yards, poids, hauteur, 880 yards, marche, lancer du marteau, perche, 120 yards et mile. Ce n'est qu'à partir des J.O. de 1904 (St Louis) que, ce qui n'était jusqu'alors qu'un "test" devient une "difficile épreuve olympique"... sans pour autant revêtir le caractère d'épreuves officielle.

Les organisateurs des "Jeux Olympiques intérimaires" d'Athènes en 1906 furent amenés à faire revivre le pentathlon des Grecs avec un saut en longueur sans élan, un lancer du disque, un lancer de javelot, une course de 200m et une compétition de lutte. Malgré cet engouement, aucune compétition d'épreuves combinées ne fut inscrite au programme des jeux de 1908.

Quand le concours complet devient décathlon

Lors des JO de Stockholm (1912) deux types d'épreuves "athlétiques" combinées sont alors proposées aux athlètes complets:

- d'une part, issu d'une tradition grecque, revue et corrigée au goût des temps modernes: le pentathlon;

- d'autre part, ayant évolué sous impulsion des Scandinaves et plus particulièrement du Suédois Hugo Wieslander: le décathlon.

Trois jours, sont alors jugés nécessaire pour accomplir les dix épreuves suivantes: 100m, longueur, poids hauteur, 400m, disque, haies, perche, javelot, 1500m. Mis à part le changement d'ordre du 110m haies et du disque introduit avant les JO de 1920, aucune modification n'est depuis lors intervenue.

Le vainqueur de chacune de ces compétitions et par conséquent le premier champion olympique d'épreuves combinées est le légendaire Jim Thorpe. Non, seulement il remporte le pentathlon et le décathlon, ce qui atteste d'une belle santé, mais il fut également finaliste dans trois spécialités; le saut en hauteur, le saut en longueur et le lancer de poids.

A partir de 1920, le décathlon moderne se dispute durant deux jours. En 1924, est disputé, dans le cadre des JO, le dernier pentathlon athlétique masculin tandis qu'apparaît le premier pentathlon féminin. Le pentathlon ne disparaît cependant pas totalement des épreuves masculines, puisqu'est organisé depuis 1912, et sous l'initiative de P. De Coubertin, un "pentathlon moderne" comprenant équitation, tir, escrime, natation et cross...

 

Le décathlon de nos jours et le problème de la table de cotation

Le règlement

· De nos jours, le décathlon obéit à un règlement qui exige que les dix épreuves se déroulent selon un ordre immuable et défini tout au long de deux journées consécutives. C'est ainsi que pendant la première journée, se déroulent: le 100m, la longueur, le poids, la hauteur et le 400m et pendant la seconde: le 110m haies, le disque, la perche, le javelot et le 1500m.

· Les règlements de l'International Amateur Athlétic Fédération établis indépendamment pour chaque épreuve sont applicables, mais quelques modifications apparaissent néanmoins, compte tenu d'une part de la durée de la compétition: les concurrents ne disposent en tout et pour tout que de trois essais dans les lancers et au saut en longueur, deux faux-départs sont admis, le troisième étant "disqualifiant" pour l'épreuve disputée.

· Toutefois, le règlement officiel stipule que "tout athlète ne prenant pas le départ ou ne faisant pas au moins un essai dans une des 10 épreuves du décathlon ne sera pas autorisé à prendre part à l'épreuve suivante; il sera considéré comme ayant abandonné la compétition. Il ne figurera pas dans le classement final".

· A chaque résultat correspond un nombre de points déterminés par la table de cotation de l'IAAF, le gagnant étant celui qui obtient le plus grand nombre de points.

La limite de vent favorable permise est de 4m par seconde. Au delà, le record ne peut être enregistré. C'est ainsi que certains n'auront pas manqué d'être surpris à la lecture des résultats de la Coupe d'Europe d'épreuves combinées 1987, de constater que le record de France n'a pas été battu par le vainqueur de la rencontre, en l'occurrence W. Motti, mais par son second C. Plaziat.

· Intervalle de temps minimum entre chaque épreuve: " à la discrétion du juge-arbitre, il y aura, lorsque cela est possible, un intervalle d'au moins 30mn entre la fin d'une épreuve et le commencement de la prochaine, pour n'importe quel athlète.

A propos de la série du 1500m: dernière épreuve: "les séries devront être composées de telle sorte que l'une d'entre elles groupe les concurrents les mieux placés avant l'avant dernière épreuve".

· A propos d'ex-aequo: " dans ce cas, le gagnant sera l'athlète qui dans le plus grand nombre d'épreuves aura obtenu plus de points que le (ou les) concurrent (s) ex-aequo. Si cela ne suffit pas à trancher l'ex-aequo, le gagnant sera le concurrent qui aura marqué le plus de points dans une quelconque des épreuves.

 

Evolution de la table de cotation

Pour comprendre l'évolution des tables de cotation, il est utile d'avoir une idée des différentes tables de cotation, il est utile d'avoir une idée des différentes tables qui ont été utilisées. Heureusement, il y en a que trois sortes principales: linéaire, progressive, et régressive.

A partir de 1884, date de la première proposition de l'AAU jusqu'en 1933, toutes les tables furent linéaires, "probablement parce qu'elles étaient plus faciles à construire". Avec la table linéaire, la progression de performance est la même depuis le bas de la table jusqu'en haut. Il est simplement nécessaire de déterminer le plus haut point à partir des recors du monde, des records nationaux ou des records olympiques ainsi que le plus bas...et ensuite de tracer une ligne droite entre elles.

 

Date Pays Genre de Le plus haut de la table Commentaires

table Résultats Points de référence

1884 Etats-Unis Linéaire 1000 Records du Monde

1901 Danemark Linéaire 1000 Records Nationaux Corrigée en 1910

1902 Suède Linéaire 1000 Records Nationaux la table de "Malmo"

corrigée en 1906 et

1909.

1909 Finlande Linéaire 100 Records Nationaux

1911 Allemagne Linéaire 100 Records Olympiques Pour la préparation

Olympique

 

Les tables olympiques de 1912

Le comité d'organisation suédois, ayant décidé, en 1910, d'inclure le décathlon aux Jeux Olympiques, commença la préparation d'une nouvelle série de tables pour la compétition internationale. Basé sur leurs tables nationales "Malmo", ils ont commencé à préparer un ensemble de tables linéaires utilisant les records Olympiques en cours pour un décompte total de 1000 points.

L'année 1912 voit l'idée générale d'une table progressive émerger. "L'une des caractéristiques des tables de 1912 fut l'utilisation des points fractionnés des décomptes. Donner des tables à trois décimales près étaient nécessaire afin que chaque performance réalisée dans chacune des épreuves ait un résultat unique. Jusqu'en 1933 ce système de cotation prévaudra; un simple réajustement fut cependant opéré en 1915 pour remettre au niveau des nouveaux records olympiques les 1000points.

Développement de la théorie de stables de cotation

A partir de 1920 trois idées générales commencèrent à dominer la théorie et le développement des tables de cotation. Elles ont, à des degrés différents, influencé par la suite toutes les tables.

-Le fait que chaque élément d'amélioration des performances athlètes devient de plus en plus difficile lorsque ces derniers atteignent leur maximum.

- Le besoin de pouvoir comparer la performance d'un athlète avec un autre dans une épreuve différente, ou en fait un sport individuel différent.

- Le désir d'avoir des bases réellement "scientifiques" pour chaque système de cotation.

Les tables de cotation de la FIAA de 1934

A la fin des années 20, la Fédération finlandaise se mit au travail pour développer une nouvelle série de tables nationales de cotation. Tout d'abord on décida d'abandonner tous les points fractionnés, le résultat de chaque épreuves étant coté de 0 à 1150 points. A cette fin, sept performances standard (de A à G) furent sélectionnées. Toutes les performances A correspondant à 1000 points auraient été rarement atteintes par les athlètes des épreuves combinées. Toutes les performances G auraient été atteintes de temps en temps par les meilleurs athlètes juniors. On établit une table progressive, où la progression par points des résultats, pour une unité de progression de performance, devient plus grande au fur et à mesure que la performance est améliorée.

Points (+) A

 

 

 

G perf. meilleure

 

La nouvelle table de cotation eut tellement de sucés en 1932, lors de son introduction en Finlande qu'elle fut adoptée par la FIAA au Congrès suivant en 1934. Mais cette table est vite dépassée à cause de l'amélioration de techniques dans les concours de perche et hauteur par rapport aux courses.

La table suédoise de 1950

La distorsion entre les concours trop bien cotés et les courses devenue trop importante, lui succède la table suédoise qui se veut tenir de la progression passée des records et de leur évolution supposée au cours des vingt années à venir... jusqu'à ce qu'imprévisible l'apparition notamment des perches en fibre bouleverse la spécialité.

En 1962, la FIAA adopte une nouvelle table qui aura cours jusqu'en 1984. Le point faible de cette table se trouve dans la différence entre les tables pour les courses qui sont légèrement progressives et celles pour les concours qui sont légèrement régressives. On a supposé, à tort, que la vitesse était ce que l'athlète transmet à un engin, alors qu'en fait, c'est l'énergie cinétique qui est proportionnelle au carré de la vitesse. En dehors du problème de la surcotation de la perche, le problème de la sous cotation du 1500m... et à un degré moindre des lancers (au 1500m avec 4'14"5donne 700 points). D'une manière plus générale, les performances des décathloniens ne peuvent être comparées à celles des spécialistes pour la simple et bonne raison qu'elles ne sont pas effectuées dans les mêmes conditions de réalisations... de disposition.

Pour ces raisons, la nouvelle table de 1985 se devait d'être une table pour les spécialistes d'épreuves combinées.

 

 

La table de 1985

La table de cotation de 1985 a été constituée, préparée par le Docteur Trkal, à partir et pour les performances réalisées au cours d'épreuves combinées..."Les nouvelles tables furent basées principalement sur les statistiques des compétitions d'épreuves combinées, tout en tenant compte des statistiques des épreuves individuelles". Elle possède les caractéristiques suivantes:

- table progressive, c'est à dire quand la performance augmente le nombre de points augmente.

- il s'agit d'une table qui rectifie le nivellement des performances provoqués par la table de 64.

- il s'agit en fin d'une table qui réajuste au niveau de la cotation les performances réalisées par des décathloniens lors du 1500m; à 4'14"5 correspond désormais 850 points.

 

Gaston Meyer: " Le décathlon est un non sens"

- parce qu'il est impossible de préparer convenablement dix spécialités,

- parce que les meilleurs étaient en majorité des spécialistes qui s'accommodaient plus ou moins bien de leurs points faibles

- parce que le décathlon est inutilement pléthorique et par ailleurs déséquilibré

Il est vrai que le temps passé sur chaque spécialité sera infiniment moins important que pour un véritable spécialiste, et que cela justifiera en partie l'écart de performance...mais il est vrai aussi et remarquable de constater qu'à partir du moment où un athlète choisit le décathlon, il progressera plus rapidement qu'il ne l'avait jamais fait dans ses spécialités antérieures; c'est là l'effet trop souvent ignoré de l'entraînement généralisé. De nos jours, et le plus sûrement, les champions décathloniens offrent la garantie d'un travail complet dans son sens le plus large. Ils renforcent leurs points forts et comblent leurs points faibles de la même manière que n'importe quel spécialiste.

Le caractère déséquilibré du décathlon, l'histoire de l'évolution du décathlète:

Les décathloniens peuvent-ils être considérés au même titre que les spécialistes d'épreuves simples comme des spécialistes, ou bien les décathloniens ne sont-ils rien d'autre que des "touche à tout, touche à rien"?

A l'origine, et si l'on se fie à la première définition , il semble que l'éclectisme n'ait pas été considéré comme un "don", mais plus en réalité comme une "incapacité". Cela correspond d'ailleurs, dans les faits, à un premier type de décathloniens n'ayant en effet ni point fort ni point faible. Cela dura même un certain temps, jusqu'en 1924 au moins puisqu'Harold Osborn, spécialiste du saut en hauteur, remporte également le décathlon Olympique. Le don du spécialiste d'épreuve simple suffisait alors et l'athlète du type coureur-sauteur pouvait s'accommoder de ses points faibles situés le plus souvent dans les lancers.

Jim Thorpe, dont les performances dans les lancers, sans être comparables à celles réalisées par les meilleurs décathloniens d'aujourd'hui, sont tout à fait honorables. Il avait placé la barre à un si haut niveau, qu'il fallut attendre 15 ans pour voir son record du monde amélioré. C'est un Finlandais qui le bat: Paavo Yrjölä et du coup, il semble que le type naturel coureur-sauteur du premier décathlonien soit dépassé et fasse place à un type plus travaillé, plus complet, plus lanceur en tout cas, comme s'il ne suffisait désormais plus d'être fort dans uniquement deux groupes. Suivant l'école finlandaise, l'allemand Hans Heinrich Sievert et surtout l'école américaine qui produit pendant prés de trente ans la quasi totalité, excepté le russe Kuznyetsov, des recordmen du monde. Il s'agit alors d'athlètes certes de plus en plus complets, mais il demeure que le 1500m constitue encore la lacune majeure des décathloniens, à un tel point que l'on frise parfois le ridicule. Au vu d'ailleurs des performances accomplies dans cette dernière discipline, dont on ne peut même pas dire qu'elles accusèrent une stagnation mais en fait une régression corrélativement aux autres performances réalisées, il ne semble pas encore possible de considérer qu'en 1963 le décathlon soit entré dans l'ère de l'éclectisme total. On est toujours dans le domaine du don du spécialiste "coureur-sauteur" devenu "lanceur" mais pas "demi-fondeur". La conception américaine considérait le décathlon "avant 1960, comme une succession d'épreuves".

Le décathlonien américain avant 1960, s'entraînait comme un coureur de 100m, comme un hurdler, comme un sauteur en hauteur..., cela demandait un temps considérable pour un rendement peu satisfaisant si l'on juge de la qualité des athlètes.

L'école allemande qui considérait le décathlon "comme une épreuve en soi, et une épreuve de course à dominante résistance" avec une certaine importance de la force apparut, imposant une nouvelle vision de l'entraînement. C'est alors l'apologie du travail quantitatif et le début d'une préparation relativement plus spécifique; on voit à ce moment apparaître sur l'échiquier international de nouveaux physiques...des athlètes notablement plus lourds, "bardés de muscles et aux allures de Schwarzeneberg", mais néanmoins plus complets dans le sens qu'ils n'avaient plus de points faible "criard". Enorme inconvénient bien compréhensible, du à l'excès de travail, la quasi totalité de ces champions se blessa.

L'école soviétique avertie d'un si grand danger lui succéda. Mais il demeurait de ces quelques années passées de précieux enseignements:

- d'une part, si la notion de résistance spécifique à l'épreuve s'avérait intéressante, voir indispensable, en revanche, les inconvénients d'un entraînement par trop quantitatif obligea les entraîneurs à reconsidérer dans sa forme globale l'entraînement;

- d'autre part, et il s'agit là d'un des faits les plus notables, la nécessité de "simplifier" en quelque sorte le travail s'imposa.

Les décathloniens américains d'avant 1960 s'entraînaient dix fois plus. Il semble que c'est à partir de l'expérience de terrain que surgit la notion de transfert ou selon Monneret "d'interaction favorable d'une épreuve sur l'autre".

La conception française du décathlon s'est inspirée de la conception allemande, légèrement modifiée par l'expérience de Monneret. Celui-ci commença à faire du décathlon en 1960 et à cette époque, étant relativement faible en course de vitesse. En basant son entraînement sur le travail de vitesse et de résistance il vit cependant améliorer ses performances: de 8cm en hauteur, de 50cm en longueur et de 30cm à la perche. Ce travail de course a donc des répercussions favorables dans toutes les autres spécialités où une impulsion est nécessaire. De plus, en travaillant la vitesse, on accomplit aussi un travail de résistance, et si l'on se réfère aux études soviétiques, c'est là le problème de la généralisation de l'entraînement. A chaque fois qu'on travaille une qualité physique: vitesse, force, résistance ou endurance, il se produit une action favorable sur les autres qualités pendant une certaine période.

A l'école soviétique du début des années70, s'impose de plus en plus la nécessité de procéder dans l'optique de la programmation d'un entraînement le plus spécifique, à une analyse très fine des points forts et surtout des points faibles du décathlonien.

 

Classification selon W. Joch, des décathloniens:

 

Le type A: ou athlète complet, ayant abouti, par un entraînement dosé à un nivellement des résultats dans toutes les disciplines (amélioration des spécialités faibles).

Le type S: ou athlète spécialiste, sujet possédant des points faibles, mais ayant une famille forte ou une combinaison de deux familles fortes.

Le type AS: homogénéité avec des sommets, pas de faiblesse mais des performances exceptionnelles dans une ou deux disciplines.

La génération d'aujourd'hui: le don de l'éclectisme, la 3ème génération de décathloniens qui est une génération d'athlètes totalement complets, relativement équilibrés et de plus en plus doués, en référence même au don du spécialiste. Des athlètes totalement complets, qui attestent désormais d'un niveau minimum atteint dans chacune de épreuves, et notamment dans la dernière: le 1500m. Des athlètes relativement équilibrés, c'est à dire n'ayant pas de grande différence entre chacun des trois groupes qui constitue le décathlon. Des athlètes de plus en plus doués: "bons partout et jamais les meilleurs" , rien n'est moins vrai à l'heure actuelle, et bon nombre des décathloniens pourraient aujourd'hui figurer dans certaines sélections de disciplines spécifiques, au moins au niveau mondial. Parce qu'il s'agit également de négocier au mieux les points forts...

La 4ème génération, "gagner par ses points forts ou ne pas perdre par ses points faibles! Ceux qui se caractérisent par un plus grand équilibre entre leurs différentes performances... en général, les uns sont hommes de la première journée, les autres de la deuxième. Comme si demeurait l'inévitable question de savoir s'il vaut mieux travailler les points forts ou les points faibles: renforcer ou compenser demeure la question qui hante la programmation du décathloniens.

 

Orientation de l'entraînement

La réponse ne réside pas ici dans une simple égalité des proportions, mais plus justement dans l'adéquation d'un programme de travail aux différents niveaux et cas auxquels il est censé s'adresser. La première étape de l'individualisation passe par une évaluation et une analyse des plus fines des performances du décathloniens. L'analyse des performances d'un décathlon peut et doit même être effectuée de manière scientifique, elle ne saurait cependant se suffire et notamment se substituer dans sa totalité à l'analyse de l'entraîneur. L'entraîneur est l'homme de terrain, son arme est l'observation des faits et des comportements.

Le rôle de l'entraîneurs peut être considéré en matière d'épreuves combinées comme particulièrement important, et ce, pour cette raison essentielle, que son action ne s'exerce pas simplement une fois, mais dix fois. Mais au delà de l'aspect quantitatif, c'est de la qualité de l'entraîneur dont il est ici question:

- compétence de l'analyste

- compétence du programmateur

- compétence e l'entraîneur, homme aguerri de terrain et ayant acquis une certaine réflexion

- compétence, si ce n'est qualité de l'homme, être à l'écoute de ses athlètes, savoir les entourer

L'entraînement en décathlon est une affaire de conception

"On peut même se poser la question si la recherche parfois du plus haut niveau technique dans une spécialité ne risque pas de provoquer un transfert négatif sur d'autres épreuves". C. Monot

Ce qui pose problème en matière d'épreuves combinées ne réside pas simplement dans l'adaptation ou l'application de dix techniques, pas plus dans la résolution de cette problématique qui impose à l'athlète d'avoir à concilier des qualités antagonistes, ce qui ressort de la nature même du décathlon, mais de façon plus sûre dans la manière de concevoir dans son ensemble l'épreuve elle-même, recherche d'une conception unitaire et la préparation spécifique qui en découle.

Soit que l'on considère que le décathlon est avant tout constitué d'épreuves isolées ou de trois groupes: courses, sauts, lancers et qu'à la suite, il suffit de missionner un technicien pour la préparation de chacun des groupes...et le décathlon n'est alors, en effet, qu'un assemblage, une construction toute composée d'éléments, chaque entraîneur étant chargé de hisser au plus haut niveau son groupe d'épreuves comme le ferait n'importe quel technicien d'épreuve simple, sans se soucier à l'extrême de ce qui se passer ailleurs que chez lui.

Soit qu'à l'inverse, en se référant aux conditions même de la compétition définies par l'école allemande, à savoir l'obligation qui est faite de réaliser en moins de 36 heures, les performances les plus proches du maximum, on ait compris la nécessité d'avoir une conception unitaire et non pas parcellaire de l'épreuve. Ce qui n'implique d'ailleurs pas que l'on ne fasse pas appel à des techniciens d'épreuves simple pour régler certains problèmes très spécifiques dans certaines épreuves ou pour combler des lacunes... à la charge cependant de l'entraîneur-responsable", de délimiter le cadre d'intervention du spécialiste, en ayant constamment à l'esprit que c'est finalement une "somme" qui sera mesurée.