15 février 1996

Ma très chère Tania.

D'autant que je m'en souvienne, nous n'avons jamais véritablement parlé.

A quoi bon il est vrai se livrer à un tel acte si ostensiblement humain pour nous qui ne sommes plus que des chères mortes depuis si longtemps ?

Pourtant, ce soir je ressens comme un vide à l'intérieur de moi…comme si ma froide carcasse pouvait encore faire preuve d'émotion.

J'ai tant voyagé, poursuivi de buts, que je me sens las aujourd'hui. Peut-être est-ce parce que je suis à la veille d'un nouveau combat…Combats, combats, ma non-vie en a été ponctuée, du plus ridicule au plus grandiose, il faudra que je te les raconte un jour.

Je sais ce que tu vas me dire : je pourrais lui dire non !, l'abandonner et ne plus m'occuper que de moi, que de nous.

Oui mais…il y a entre nous comme une sorte d'amitié, c'est un bien grand mot je sais, mais je sais qu'il ne me laisserait pas tomber, il me l'a prouvé une fois, alors je lui dois bien ça…continuer à le suivre.

Mais j'ai de plus en plus de mal à le faire sans toi.

Il me suffirais que tu me dise oui et je…alors…

Ma chère Tania, tout semble si compliqué.

Il faudra que nous parlions un jour, nous n'avons jamais véritablement parlé.

Je t'embrasse

Ender