Objet d'étude : ( Seconde )

Un mouvement littéraire du 19 ième : Le Fantastique.

Étude du récit et d'un sous genre : la nouvelle

En association à l'étude d'un genre: La Nouvelle - et des registres : Fantastique/ Merveilleux/Réaliste.

Voici les préparations :

Pour la séance 1

Achetez en collection Librio (10 f) La Dimension Fantastique N°150.

Lisez les 7 nouvelles suivantes : La Cafetière, La Montre du Doyen, L'Orgue du Titan, Véra, La Chevelure, Je suis d'ailleurs, Le Meneur de loups.

Faites un catalogue rapide de ce qui vous fait peur depuis l'enfance dans le quotidien.

Les événements fantastiques que vous avez lus sont-ils absurdes ?

Pourquoi la science s'oppose-t-elle à l'irrationnel ?

Quelles sont les différences entre "nouvelle" et "roman" ?

Vérifiez le sens des mots suivants : insolite, paranormal, irrationnel, rationnel, métaphysique, occulte, surnaturel.

 

Pour la séance 2

Lisez attentivement La Cafetière puis répondez à ces questions :

Quel est le prénom du narrateur ?

Dégagez le plan de ce récit et donnez un titre aux divers mouvements.

(3 dans I, 3 dans II, 2 dans III, 1 dans IV)

Par quel son récurrent ce récit est-il orchestré ? Le récit est-il chronologique ?

Quel est d'après vous le moment paroxysmique et pourquoi ?

Ce qui caractérise cette nouvelle c'est l'animation de l'inanimé et la résurrection des morts : justifiez cette affirmation par des éléments du texte.

Dans la partie qui commence à " Enfin minuit sonna " et se termine à " la pendule sonna une heure ; ils s'arrêtèrent " relevez :

a) le vocabulaire de la danse ; quelle déduction pouvez vous en tirer sur l'auteur ?

b) les allitérations et assonances imitatives de la danse endiablée.

c) les verbes de mouvements (que constatez-vous ?)

 

Pour la séance 3

Selon vous, que s'est-il passé cette nuit là ?

 

Pour la séance 4

Étudiez les chapitres 13 (tonalité fantastique) et 14 (tonalité réaliste) du FMT.

Faites les exercices :

13 page 131, questions 1 et 2

16, page 132, question 1

Relisez les autres nouvelles ;

Dressez un tableau comparatif des 7 nouvelles ayant les 5 rubriques suivantes :

1 Où ? quand ? qui ? 2 Atmosphère climatique et phonique. 3 Éléments du décor. 4 Ancrage dans le Réel. 5 Thèmes

 

Pour la séance 5

Vous chercherez une œuvre fantastique (peinture, photo, sculpture…) qui selon vous s'associe à l'une des 7 nouvelles étudiées. Vous préparerez par écrit la justification de votre choix que vous ferez oralement devant la classe. Si c'est possible, associez aussi une musique.

Pour vos recherches utilisez l'internet " art fantastique " " peinture fantastique " et voyez : http ://fantasticart.tripod.com/

http://www.artchive.com/ftp_site.htm

 

Pour la séance 6

Cherchez dans vos souvenirs d'enfance un conte de fée. (Histoire merveilleuse)

Lisez les textes du TEP pages 383 à 393

Quel est l'extrait que vous avez préféré et pourquoi ?

Répondez aux questions page 385 sur " La morte Amoureuse "

 

Pour la séance 7

Révisions

 

 

Voici le cours par séance : souvent 2 heures

 

Séance 1

Le FANTASTIQUE

Son épanouissement en France correspond à celui du Romantisme - entre Restauration et Monarchie de Juillet &endash; qui voit poindre le Positivisme. Il a pour source les doctrines de l'Illusionnisme diffusées vers 1770. Ce premier fantastique passe de mode vers 1860 lorsque triomphent Naturalisme et Positivisme.

Le fantastique se caractérise par l'intrusion brutale de l'inexplicable dans une réalité quotidienne décrite avec de multiples indices de réalité. Le registre serait Réaliste si les événements avaient une explication ordinaire. La tonalité est fantastique si les événements restent inexplicables et laissent planer un doute sur une explication extraordinaire.

Le fantastique laisse le lecteur devant un double point d'interrogation :

les événements racontés sont-ils d'origine

a) rationnelle, matérielle, logique, scientifique ?

b) ou surnaturelle, métaphysique : ce qui présuppose l'existence d'un au-delà ?

Mais attention : Le fantastique n'est pas l'absurde : outre les hypothèses surnaturelles, des hypothèses naturelles doivent pouvoir être envisagées.

C'est l'INEXPLICABLE , LE MYSTÈRE qui caractérise la tonalité fantastique.

Aucune explication des phénomènes racontés ne doit être possible à 100 % d'où le doute et l'angoisse… et peut-être le plaisir de ce frisson lié à l'envie d'exorciser des peurs ancestrales inscrites dans le cerveau reptilien.

 

Le Fantastique est lié à l'épouvante alors que le Merveilleux est lié à la joie.

Voici des définitions " savantes" :

1) "le fantastique se caractérise par une irruption brutale du mystère dans le cadre de la vie réelle" Castex, Le Conte fantastique en France.

2)"le récit fantastique aime à nous présenter, habitant le monde réel où nous sommes, des hommes comme nous, placés soudainement en face de l'inexplicable" Louis Vax, L'Art et la littérature fantastiques.

3)"Tout le fantastique est rupture de l'ordre reconnu, irruption de l'inadmissible au sein de l'inaltérable légalité quotodienne." R Caillois, Au coeur du fantastique.

4) Pour Todorov, le lecteur (et accessoirement le personnage = hésitation thématisée) doit hésiter entre une explication surnaturelle et une explication naturelle des événements évoqués. Enfin, dernier point qu'on oublie trop souvent : le lecteur "refusera aussi bien l'interprétation allégorique que l'interprétation poétique." Todorov, Introduction à la littérature fantastique.Todorov (Introduction à la littérature fantastique, Points, Editions du Seuil, 1970, p.29) : "Le fantastique, c'est l'hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles, face à un événement en apparence surnaturel".

 

 

 

LA CAFETIÈRE

Approche

 

Récit à la première personne (je = Théodore et non Théophile) daté de 1831 d'un souvenir. Narration ultérieure : décalage d'un an entre le moment de l'écriture et le moment des faits.

La nouvelle

C'est un sous genre qui se définit ainsi

La nouvelle est un court récit, proche du "scoop", du fait-divers , du témoignage.

Trois adjectifs la caractérisent : DENSITÉ, VÉRITÉ, INTÉRÊT

- Les événements racontés sont exceptionnels mais sont donnés pour vrais

(les personnages fonctionnent comme des personnes ayant existé :

- de nombreux noms propres de lieux et de personnes) ( patronyme, toponymes)

Un nombre pesé de détails ancre les événements dans la réalité comme dans les faits divers.

 

Elle a été écrite par Gautier (A présenter)

Gautier : Existence malheureuse : mariage raté, métier peu lucratif de critique littéraire pendant 36 ans.

Malaise existentiel, spleen.

Un artiste complet : peinture, poésie, musique, théâtre.

Son goût pour le fantastique comme ses nombreux voyages attestent un besoin de fuir le Réel.

Superstitieux : il portait des talismans

Un Dandy : volonté de se montrer différent des autres : il veut choquer le bourgeois (c'est le plus tapageur des Romantiques, porte un gilet rouge à la première de Hernani)

C'est un homme du paradoxe : c'est un nihiliste assoiffé d'absolu

C'est un visuel et un peintre mais aussi un mélomane.( Auteur du livret de Giselle)

Comme pour Baudelaire, pour lui le Beau est bizarre. Le bizarre va servir de tremplin au fantastique.

Le fantastique est pour lui un besoin : il veut écrire des contes et en écrira même lorsque la mode sera passée.

C'est pour lui un procédé de défoulement, un moyen de s'évader de sa propre existence, il exorcise ses propres démons, projette ses propres angoisses, il se délecte dans ses créations.

"l'art est ce qui console le mieux de vivre" Gautier. L'art donne de la valeur à la vie. (comme Flaubert)

 

Elle est construite chronologiquement et les événements sont fortement ancrés dans le réel. ( nom des lieux , nom des personnages , description des lieux...)

4 parties sont signalées par des chiffres romains. - On note un exergue : La vision de Joseph. &endash; Le découpage pourrait se faire en 3 grandes parties : Avant, Pendant, Après.

Le tic-tac obsessionnel de la pendule orchestre le récit d'une nuit d'épouvante.

 

ð La partie I

 

La première partie a 3 sous parties

 a) De " L'année dernière… à notre chambre " = 4 courts paragraphes.

 Présentation de type réaliste (très rapide, on est dans une Nouvelle) de l'identité des personnages (Moi et deux amis désignés par leur Nom et Prénom), du lieu (" Normandie "), de l'époque (" année dernière ", " coucher du soleil "), et de l'atmosphère climatique (" pluie ", " boue ") qui est la cause de l'état de fatigue des personnages et explique leur arrivée tardive et leur retrait immédiat dans leurs chambres individuelles après le repas. Les faits essentiels sont racontés comme dans un fait divers réaliste mais Gautier insiste particulièrement sur l'atmosphère climatique et l'état de fatigue des personnages : " harassés ", " efforts " " bâillements "

 

b) Installation dans la chambre de " La mienne " à " main "

 

Description de la chambre : globale : " vaste " puis balayage par le regard qui se pose sur différents éléments vus en gros plans, avec un regard très pointu d'esthète et de nombreux détails descriptifs.( profusion d'adverbes et de qualificatifs de formes, de couleurs…)

L'aspect bizarre de la chambre qui paraît habitée et hors du temps " monde nouveau " va provoquer une suite de réactions en chaîne.

 

D'abord sur le plan psychologique " un grand étonnement " et des " frayeurs " et, sur le plan physique : " frisson de fièvre ", " à trembler ".

 

De manière rationnelle, ces impressions sont suivies d'un refus d'adhérer à la peur et le narrateur tente d'éliminer son trouble : " ferme les yeux ", " se tourne vers la muraille ".

 

Cette tentative est vaine : le narrateur perd son libre-arbitre, il est agi par des forces contraires qui l'obligent à " voir " : " tangage du lit " et " paupières qui s'ouvrent ".

 

c) Le début des phénomènes insolites

Un " tout à coup " signale le début de l'apparition de phénomènes anormaux : l'inanimé s'anime. C'est là que commence à proprement parler l'insolite, " l'extraordinaire " qui défie les lois naturelles, scientifiques : " les bougies s'allumèrent ", " le soufflet souffle " " la cafetière se jeta en bas d'une table " " les fauteuils commencèrent à s'ébranler ".

Les perceptions sont essentiellement auditives et visuelles,(voir les champs lexicaux) comme dans un cas d'hallucination.

Le feu est l'élément transitoire : la danse des flammes trouble la perception de l'environnement et donne l'illusion du mouvement.

 

Les réactions physiques stéréotypées s'amplifient " terreur " " cheveux se hérissèrent " " claquement de dents "

S'il a une réaction de peur, c'est que le personnage présuppose, même inconsciemment - comme le lecteur &endash; la présence de forces obscures maléfiques. Dans un univers merveilleux, la peur aurait été remplacée par le plaisir.

 

On note l'arrivée de la partie II qui sépare curieusement le récit de ces phénomènes d'animation.

 

Séance 2 :

 

ð La partie II

 

Cette partie est caractérisée par l'accélération : la pendule sonne 11 h puis 12 puis 1 h

Cette partie a 3 sous parties :

a) la première : la résurrection des portraits (Je ne savais…) à imperceptibles) qui ne fait que prolonger la narration des phénomènes paranormaux : thème du réveil des morts et du sabbat. (sortie des cadres, pause -café, conversation puis bal)

Le narrateur connaît toujours la frayeur... mais arrive à rire de la bizarrerie de ce réveil des morts et garde une certaine distance et porte de son lit un regard lucide, subjectif " dignes personnages "

a) la deuxième : le bal des morts (à étudier de façon détaillée)

Il commence à minuit. Il est approuvé par les personnages anciens figurant sur la tapisserie de la chambre.

Ce bal - qui au départ est un menuet &endash; dérape en une danse hystérique où se mêlent la giration " " tourbillon " , " pirouette " " toupie ", les " sauts ", " les cabrioles ", " les ronds de jambes " , les jetés battus " et les " entrechats ". La cadence est trop rapide. Le bruit des tissus couvre celui des instruments à cordes. Des étincelles jaillissent sous les archets. Le vent souffle.

On note la présence de nombreuses assonances et allitérations imitatives et la connaissance par Gautier (auteur du livret de Giselle) du vocabulaire de la danse.

Ce bal tourne au sabbat et à la transe.

Une seule notation de la réaction du narrateur : la pitié ! devant les efforts des danseurs pour suivre le rythme endiablé.

c) la troisième : Angéla et le narrateur

Le narrateur va maintenant participer au phénomène. Il quitte son lit propulsé par une pulsion irrésistible d'amour. Il entre au sens propre dans la danse, une valse dont la cadence a triplé et éprouve des sensations d'ivresse érotiques proches de l'extase.

Thème de la morte amoureuse. Thème de l'envoûtement.

 

Séance 3

ð La partie III

Partie brève : accélération narrative : longue période de temps racontée brièvement.

Deux sous parties

a) La première partie est directement la suite et la fin de la partie précédente : Les " suites " de l'extase : moment de détente post-orgasmique.

Le narrateur est dans un état ataraxique, un nirvana proche de l'inconscience.

b) La deuxième partie : L'aube et la disparition d'Angéla.

Le phénomène est nocturne. La lumière du jour dissipe Angéla.

c) La troisième partie : Reprise de la conscience et des sensations de " frayeurs ", " d'effroi " et " évanouissement "

 

ð La partie IV

 

Fonctionne comme un dénouement.

Il y a des traces d'une nuit agitée, des témoins et un essai de justification.

Le narrateur est transformé : il dessine malgré lui le portrait d'Angéla (sœur de l'hôte).

L'hypothèse des morts vivants, des revenants est réactivée par la mort d'Angéla à la suite d'un bal : circonstance troublante qui oblige à faire le rapprochement et qui ne peut être qu'une coïncidence.

 

Les Acquisitions sur cette étude

1/ LE SCHÉMA NARRATIF

 Explication de la construction :1/ situation initiale sans tension. 2/ Perturbation et tension . 3/ Conséquences 4/ Déduction/Leçon (la phase 4 est éventuelle)

 

2/ La durée du récit et le traitement du temps

La durée des événements est de moins de 24 heures.

La narration est chronologique.

Autres types possibles : analogique, psychologique.

Pas d'ellipse narrative.

Pas de retour narratif. (flash-back)

 

3/ Les variations de vitesse narrative

Dans un récit

a) des périodes brèves peuvent être racontées longuement. (ralenti narratif)

b) des périodes longues peuvent être racontées brièvement (accélération narrative)

 

Voici le schéma des variations de vitesse narrative dans la Cafetière.

J'ai fixé 19 h pour le souper à l'auberge ( page 41 de l'édition Librio) et 8 h pour le petit déjeuner, le lendemain matin.

On aperçoit nettement le ralenti narratif autour de minuit.

 

4/ Comment interpréter ce qui s'est passé ?

On sait qu'aucune réponse certaine ne peut être donnée : seul le doute est permis.

TOUTEFOIS 3 TYPES D'HYPOTHÈSES :

a) hypothèse physique (scientifique)

Un accès de fièvre dû à un refroidissement et à un délire ?

Une crise de somnambulisme suivi d'une catalepsie, avec, à la source, un défoulement sexuel. ?

b) hypothèse métaphysique

L'existence d'un au-delà : résurrection, revenant ? un envoûtement ?

c) hypothèse psychanalitique (Gautier projette ses problèmes conjugaux personnels)

 

 5/ Toute fiction trahit son auteur .

Gautier est un ancien élève de l'atelier Rioult : d'où la présence de nombreuses références picturales, de descriptions minutieuses, un regard de peintre.

Il connaît aussi le monde de la musique et de la danse. ( Il écrit le livret de Giselle)

Gautier est un admirateur de Hoffmann : Les noms d'Angéla et de Théodore sont empruntés à ce conteur.

Angéla, c'est peut-être Hélène, morte de consomption et premier amour de Gautier.

 

Philosophie pessimiste : le bonheur sur terre est impossible : tout choix est douteux .

 

Chez Gautier, au moment le plus effrayant, le rire apparaît : soit il joue avec le fantastique, soit il le tourne en dérision par véritable peur.

 

Les contes fantastiques de Gautier sont en prose mais gardent les traces d'une écriture poétique : " une lueur pâle se joua sur les rideaux "

 

Séance 4

6/ Les STÉRÉOTYPES du registre FANTASTIQUE

Il y a une recette : un certain nombre d'ingrédients sont nécessaires et récurrents

Correction des exercices et du tableau.

Cette séance montre en détail les ingrédients du fantastique et la variété des énonciations.

La forme de la Nouvelle est très libre.

5) L'ancrage dans le réel

Observez les dates, les toponymes, les patronymes : rapprochement avec un fait divers

 La nouvelle s'appuie sur un effet de vraisemblance, comme dans la tonalité Réaliste.

Les faits racontés sont donnés pour " vrais".

 

Séance 5

Exposé des élèves sur l'œuvre picturale associée au tableau.

 

Séance 6

Devoirs : ( en zone protégée)

P.S : un contrôle de lecture et d'acquisition en milieu de parcours.( voir zone protégée)

 

Séance 7

Autres textes dans un GT

a) un conte philosophique (l'Homme à la cervelle d'or de Daudet)

b) un récit merveilleux (un conte de fée proposé par les élèves)

c) un texte fantastique (la Morte amoureuse)

Cette séance est axée sur la comparaison.