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Ils veulent le faire taire...
Donnons-lui la parole!

  1. Gaël Roblin reprend la parole (Breizh-info du 14/06/2000)
  2. La bretagne c'est la lutte aussi (Breizh-info du 04/10/2000)
  3. Lettre ouverte au garde des sceaux (Breizh-info du 23/03/2001)

 

 

 

Ma bibliographie des interventions de Gaël est en cours d'élaboration.
Malheureusement, ma collection des numéros de Combat Breton comporte quelques trous.
Si des compatriotes, militants d'Emgann notamment, pouvaient me faire parvenir des écrits antérieurs à son arrestation
cela me permettrait d'illustrer au mieux son action et ses idées.

 

Gaël Roblin reprend la parole

Interpellé à Nantes et incarcéré à la prison parisienne de La Santé, Gaël Roblin s'exprime pour la première fois depuis son arrestation dans une longue lettre adressée à Breizh Info.

 

"Suite au décès de Laurence Turbec, de nombreux acteurs de la vie politique bretonne se sont exprimés. Et dans le contexte de chasse aux sorcières actuel, des militants de la cause bretonne ont grandement contribué à l'offensive idéologique et judiciaire anti-bretonne que nous connaissons en ce moment. Le complexe du colonisé, déjà très présent dans les comportements idéologiques de l'Emsav, a atteint des sommets. Il est de bon ton chez les plus modérés d'être comme l'a dit très justement Ronan Ar C'hoadig "nationaliste en privé" et "antinationaliste en public". J'ai moi-même souvenir de propos d'élus UDB qui, au cours de conversations semi-privées, se réjouissaient bruyamment de l'existence de l'ARB. Au même moment leur porte-parole mettait en doute jusqu'à l'existence d'une telle organisation. Il est de bon ton chez les plus radicaux d'exalter l'esprit de résistance et d'abnégation qui caractérise l'action des clandestins. Il semblerait, vu de La Santé, que certains parmi les seconds aient rejoint les premiers dans leurs reculades idéo-logiques et dans l'hypocrisie (...). Je suis actuellement incarcéré car de l'aveu même des policiers de la DNAT, on m'a vu un peu trop souvent à la télé. Mon interpellation a semble-t-il été ordonnée depuis le ministère de l'intérieur. Après une éprouvante garde à vue, j'ai pu lire la presse et mesurer l'ampleur de l'offensive. J'ai pu ainsi apprendre que M. Guyonvarc'h pensait que la France de l'an 2000 n'était pas l'Espagne de Franco et que rien ne saurait justifier le recours à la violence, certains membres du bureau national d'Emgann sont semble-t-il, sur la même ligne (...). Au cours des deux années passées, jamais ni l'UDB, ni Emgann n'ont autant été sollicités par les médias... Il faudrait être parculièrement malhonnête pour ne pas reconnaître que c'est suite notamment aux actions de l'ARB, quoi que l'on en pense. La vie politico-médiatique est ainsi faite ; et personne n'en a refusé les règles, jusqu'à certains "responsables" culturels qui naguère (il n'y a pas si longtemps) n'hésitaient pas à prendre la parole lors de meetings du PS, et qui ce mois-ci se sont beaucoup exprimés sur l'enquête, suite au mortel attentat de Quévert, en parfait pseudo suppléant de la justice française, alors qu'ils semblent incapables de s'expliquer clairement sur l'avancement de certains dossiers "scolaires".

Dormir chez soi: Un délit?

La Bretagne de l'an 2000 n'est certes pas l'Espagne de Franco ; toutefois les beaux par-leurs qui crachent désormais dans la soupe feraient bien d'essayer de s'informer sur les éléments "juridiques" ayant conduit à l'incarcération de certains d'entre nous. C'est assez éloquent! J'ai ainsi eu le tort de dormir chez moi à Saint-Herblain, la nuit où le McDo de Pornic subit un attentat, ou à Rennes le soir de l'attentat de Quévert et de la tentative à La Poste de Rennes... Etant indépendantiste, je suis donc le "coupable idéal". Combien de militants indépendantistes dormaient dans les agglomérations nantaise et rennaise à ces deux dates? Nous ne sommes pas dans l'Espagne de Franco mais juste dans la République de Chevènement. Je suis donc incarcéré pour, entre autre, ce grave délit, celui de dormir chez moi ou chez des camarades. En tant que militant indépendantiste public, mais contrairement à d'autres, je suis prêt à assumer et payer le prix fort, c'est à dire ma liberté, le fait d'avoir profité médiatiquement et politiquement des actions de l'ARB. Et c'est bien ce que compte faire la "justice" française. Je refuse par contre le terrorisme idéologique, j'affirme du fond de ma cellule que, effectivement, ce n'est pas dans l'Espagne de Franco que nous vivons; nous sommes Bretons. Et la Bretagne ce n'est pas la France! L'affirmer avec force, c'est risquer sa liberté. Céder sur ce point, c'est déserter et laisser le terrain à ceux, qui telles de vieilles juments du PS et leurs alliés, nous invitent à entamer un travail de mémoire, alors que l'une des figures de leur parti mangeait avec René Bousquet, a été décoré de la francisque et ordonné l'exécution du militant communiste Fernand Iveton, coupable d'avoir lutter pour l'indépendance de l'Algérie, entre autres. Breizh Info écrit, fort justement, qu'une trêve de l'ARB (je ne suis pas membre de cette organisation) obligerait les pacifistes de circonstances à gagner. J'invite toutefois l'ARB à assumer ses erreurs, ou tout au moins à s'exprimer. J'invite également ceux et celles qui osent encore penser et affirmer en public qu'il existe un peuple breton et qu'il est privé de ses droits nationaux et démocratiques à s'asseoir autour d'une table afin de construire les outils nécessaires à notre émancipation. Le plus urgent étant, à mon avis, une plateforme électorale large sur les bases définies par Asambles. Ceux qui prétendent pouvoir se passer de la tribune que leur ont offerte les actions de l'ARB sont condamnés à s'impliquer dans un tel processus, s'ils souhaitent sincèrement offrir une autre alternative, aux jeunes générations de patriotes, que la résistance armée...

Bevet Breizh dizalc'h. Frankiz evit Breizh.

Frankiz evit ar brizonidi !

Salutations à tous les prisonniers politiques bretons!

Gaël ROBLIN Prisonnier politique breton

Breizh-info du Mercredi 14 Juin 2000

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Lettre ouverte à la garde des Sceaux

Je ne suis ni Tchétchène, ni kurde, ni Tibétain … je suis breton !

Je ne suis pas incarcéré depuis plus d'un an à Istanbul ou Téhéran mais à ... Paris, centre du monde civilisé et capitale de la patrie des " droits de l'homme " !

Je suis suspecté d'être membre de l'Armée Révolutionnaire Bretonne. En presque un an l'instruction a mis en lumière le fait que ... j'ai tapé un texte ! D'après le magistrat instructeur cela est passible de la réclusion criminelle à perpétuité ! Et ce bien que j'ai été arrêté sans armes, sans explosifs et que mon emploi du temps soit sans équivoque. Je ne suis mis en cause dans aucun attentat. Le juge des libertés et de la détention ne cache pas lui que mon maintien en prison est justifié par mon engagement politique car au milieu du fatras juridique invoqué il stipule noir sur blanc dans son ordonnance de rejet de demande de mise en liberté : " Attendu que ROBLIN qui conteste appartenir à l'ARB mais qui ne nie pas ses sympathies nationalistes et d'ailleurs appartenir au mouvement EMGANN...".

Oui c'est vrai je suis militant du mouvement de la gauche indépendantiste EMGANN qui est un mouvement public, j'en suis toujours porte parole et en plus j'ai de la sympathie pour l'ARB. J'ai d'ailleurs accepté de taper ce texte par motivation politique.

En vous adressant cette lettre je ne veux pas m'abaisser à vous réclamer un traitement de faveur ou à m'attirer votre mansuétude, je veux simplement vous signaler que malgré vos dénis il y a des prisonniers politiques bretons en captivité en France. L'arrêté du juge des libertés me concernant est on ne peut plus clair. Il vous faut donc prendre des dispositions nécessaires pour la mise en place d'un statut de prisonnier politique.
Cela sous entend :

- le regroupement et le rapatriement des prisonniers politiques Bretons en Bretagne.

- la libération immédiate des prisonniers malades.

- le droit pour nous de s'exprimer en langue bretonne lors de l'instruction et du procès. Ce dernier point mettrait d'ailleurs les justiciables brittophones à égalité avec les locuteurs germanophones d'Alsace et de Moselle qui peuvent eux s'exprimer en Allemand devant les différentes juridictions de votre république. A moins bien sûr que vous ne considériez que les Brittophones soient des sous-citoyens ?

J'ai bien noté avec quelle malhonnêteté intellectuelle vous avez nié cet hiver à plusieurs reprises dans les média l'existence des prisonniers politiques Bretons. J'ai aussi pris note de votre mépris pour réfuter nos revendications à ce sujet alors que notre grève de la faim tournante était arrivée à plus de 120 jours et que les initiatives de soutien se multipliaient dans et hors des prisons de votre république bananière. Pendant ce temps-là vos amis politiques tentaient d'émouvoir sur le sort de Maurice Papon ou sur les conditions de placement en détention d'un innocent aux mains pleines impliqué dans un trafic d'armes ayant coûté la vie à des centaines de milliers de personnes.

Ce mépris hautain et ce manque de courage politique ne vous est d'ailleurs pas spécifique. C'est en effet le même mépris, le même double langage qui est opposé à toutes les revendications même les plus raisonnables en Bretagne depuis 30 ans !

Ce mépris porte en lui les germes de la résistance que vous prétendez museler.

Vous allez rétorquer que je cautionne " la violence ", " le terrorisme "…
Je me dois de vous rappeler qu'une " association de malfaiteurs en relation avec un entreprise terroriste " est censé " vouloir troubler gravement l'ordre public par l'intimidation ou la terreur ". De l'aveu même du juge d'instruction qui m'extrait de ma cellule de temps à autre, personne parmi les militants politiques incarcérés n'a souhaité la mort de qui que ce soit. Il a donc lui même du mal à voir en nous des "Terroristes voulant imposer leurs idées par la violence en bande organisée "

De mon point de vue ce qui s'approche le plus de cette définition est justement la juridiction anti-terroriste et son bras armé la Division Nationale Anti-Terroriste.

Cette juridiction chaque jour un peu plus décriée pour ses excès sert surtout à imposer par l'intimidation et la terreur une certaine conception de là " paix républicaine française " à ceux et celles qui pourraient être tentés de la contester. J'en arrive donc à réclamer à défaut du statut de prisonnier politique la dissolution de cette tristement célèbre 14ème section comme cela avait été le cas de la défunte cour de sûreté de l'Etat.

Vous comprendrez que malgré le fait que nous ayons des points communs (nous sommes originaires tous deux de Bretagne et tout comme vous je n'ai pas fait d'études de droit) je ne vous salue pas.

Je vous prie simplement de croire en ma sincère détermination à combattre à visage découvert comme je l'ai toujours fait la justice coloniale de classe que vous incarnez.

Gaël Roblin
Prisonnier Politique Breton
La Santé 23/03/01.

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La bretagne c'est la vie?

Bien sûr... la lutte aussi!

Je tiens à m'expliquer sur les raisons qui me poussent à choisir cette forme de lutte, qui ne doit en aucun cas être considérée comme un acte de désespoir, au contraire!

C'est une forme de lutte comme une autre, même si c'est la mobilisation extérieure qui sera déterminante. Etant enfermé dans 10m2, 21h30 sur 24 et étant privé, de fait, de toute activité en raison de mes interdictions de communiquer avec les autres détenus politiques bretons et basques, le choix de formes de lutte et de résistance s'offrant à moi est limité.

Suite à la mort d'une jeune travailleuse bretonne, ce que tout le monde considère injustifiable, l'état français en a profité pour criminaliser l'idée indépendantiste et, plus largement, tous ceux et celles qui se réclament de la lutte pour les droits du peuple breton. Ceci a été fait en incarcérant des militants, en pratiquant une chasse aux sorcières digne du maccarthysme. C'est pourquoi, cette lutte pour les droits des prisonniers politiques bretons dépasse, au niveau des enjeux et de la mobilisation que cela mérite, les strictes problèmes carcéraux et judiciaires. Cette lutte est pour moi indissociable de mon engagement indépendantiste et anti-capitaliste. La justice et la police française ont eu recours à des méthodes violentes (coups, menaces, insultes, saccages de domiciles...), à des arrestations massives de personnes dont le seul tort est d'être indépendantistes ou d'en fréquenter, à des faux témoignages, à l'usage de faux, à la diffamation et le ministre de l'intérieur de l'époque a même bafoué en public la présomption d'innocence. La classe politique française et bretonne, dans son immense majorité, si prompte à invoquer les Droits de l'Homme, est restée muette, se rendant ainsi complice de ces pratiques.

Notre incarcération en France est justifiée par la nécessité d'être près géographiquement des magistrats instructeurs. Pourtant, il n'est pas rare qu'il s'écoule plusieurs mois entre deux entrevues avec le juge d'instruction. Vu la distance, cela constitue, avant toute éventuelle condamnation, une punition pour nos proches et nos familles. De plus, je tiens à indiquer, à titre personnel, qu'en cinq mois de préventive, je n'ai été entendu qu'une fois pendant 2h30. A aucun moment on ne m'a questionné sur mon emploi du temps pourtant connu. Cela permet à certains de continuer à distiller des insinuations par voie de presse. Je rappelle que certains camarades en sont rendus à un an de préventive!

Malgré les promesses du juge d'instruction, je n'ai toujours pas accès à mon dossier. Peut-être redouterait-on que j'y trouve confirmation d'un autre cafouillage policier que l'on cherche à faire payer à d'autres. Le maintien en détention de détenus malades ayant besoin de soins que l'administraztion pénitentiaire se refuse à administrer, constitue une menace pour la vie de ces camarades. Sur ce sujet-là également, il y a un déficit de mobilisation.

Cette grève de la faim doit constituer, avec les autres mobilisations à venir, une occasion de relever la tête pour tous ceux et celles diffamé-es et attaqué-es par la police et la justice française avec la complicité d'une classe politique de charognards qui souhaiteraient que lorsque l'on évoque la Bretagne, on pense à une région typique de l'ouest de la France, peuplée de gens travailleurs et corvéables se contentant de l'avenir radieux que nous préparent Paris et les capitalistes. Pour moi la Bretagne existe d'abord parce qu'il y a une peuple breton privé de ses droits, à qui on a même enlevé sa conscience nationale. Un peuple qui, malgré tout, se bat pour l'amélioration de ses conditions de vie dues à une politique économique imposée par Paris et les capitalistes. Pour moi la Bretagne existe d'abord parce qu'il y a un peuple breton privé de ses droits, à qui on a même enlevé sa conscience nationale. Un peuple qui, malgré tout, se bat pour l'amélioration de ses conditions de vie dues à une politique imposée par Paris et les capitalistes, qui se bat pour le respect de son environnement, qui n'accepte pas la mort programmée de la langue bretonne, pas plus que la partition de son territoire.

Fort de ce constat, j'ai choisi d'être de ceux qui défendent l'idée d'une Bretagne, libre, indépendante, réunifiée, brittophone et socialiste. Pour moi, cela ne sera jamais un délit. Malgré la prison, je reste un militant et je n'ai plus qu'une chose à dire: battons nous!

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